Les sons binauraux : une exploration des drogues auditives et de leurs effets sur la conscience
Santé Auditive

Les sons binauraux : une forme de drogue auditive

Les sons binauraux, ces vibrations numériques fascinantes, pourraient induire un état de conscience modifié, à l’image des effets de certaines drogues. Une étude récente, publiée dans Drug and Alcohol Review, explore ce phénomène encore méconnu. À partir des réponses de plus de 30 000 participants à la dernière enquête mondiale sur les drogues, des chercheurs de l’université RMIT à Melbourne, en Australie, ont identifié les motivations qui incitent certains à expérimenter ces sensations, accessibles avec une simple connexion internet, une paire d’écouteurs, et sans aucun recours aux substances chimiques traditionnelles.

Les sons binauraux : définition et fonctionnement

Les battements binauraux, disponibles sur des plateformes comme YouTube ou Spotify, sont des fichiers audio qui fascinent par leur capacité à influencer l’état de conscience. Découverts dès 1839 par le physicien prussien Heinrich Wilhelm Dove (1803-1879), ces sons reposent sur un phénomène acoustique unique : lorsque deux fréquences légèrement différentes sont diffusées séparément dans chaque oreille, le cerveau perçoit un battement résultant, comme si les deux sons se mélangeaient dans l’air.

Leur fonctionnement repose sur des fréquences sonores inférieures à 1000 Hz, avec une différence de moins de 30 Hz entre les deux oreilles. Au-delà de ces seuils, le phénomène disparaît. Ce mécanisme subtil peut induire un état mental proche de celui provoqué par des substances hallucinogènes.

Bien que les recherches sur leurs effets soient encore limitées, des études préliminaires ont montré que ces sons favorisent la production d’ondes bêta, associées à la concentration et à l’éveil, ainsi que d’ondes thêta, utiles pour réduire l’anxiété. Ces dernières sont également générées naturellement par le cerveau lors des phases de rêve. Selon les chercheurs, les sons binauraux offrent des bénéfices potentiels tels que l’atténuation de la douleur et une meilleure gestion de l’anxiété. Cependant, leurs effets sur la concentration restent controversés.

Le son binaural : un outil pour se relaxer

Les battements binauraux, capables d’induire un état proche de la méditation profonde, séduisent de plus en plus d’utilisateurs. D’après l’enquête mondiale sur l’usage des drogues de 2021, qui a analysé des milliers de réponses, environ 5 % des participants déclaraient écouter ces sons.

Parmi eux, 72 % recherchaient des effets relaxants, pour se détendre, se relaxer ou faciliter l’endormissement. D’autres s’en servaient pour améliorer leur humeur, tandis qu’un faible pourcentage cherchait à reproduire des sensations similaires à celles des drogues traditionnelles, notamment chez des individus ayant déjà expérimenté ces substances.

La répartition géographique des amateurs de sons binauraux révèle une concentration notable aux États-Unis, au Mexique, au Brésil, ainsi qu’en Pologne, Roumanie et Royaume-Uni. Bien que certains recherchent un état euphorique, la majorité privilégie ces sons pour apaiser des douleurs, réduire l’anxiété ou favoriser un meilleur sommeil.

Aux États-Unis, 16 % des répondants ont essayé les sons binauraux, contre 14 % au Brésil et 11,5 % au Mexique. Les plateformes les plus populaires pour accéder à ces contenus incluent YouTube, Vimeo et Spotify, bien que d’autres applications plus confidentielles soient également utilisées.

Sons binauraux et drogues : une association intrigante à explorer

Certains utilisateurs de battements binauraux ont indiqué les combiner avec des drogues classiques pour accentuer leurs effets, notamment des psychotropes tels que le DMT. Ce puissant hallucinogène, naturellement présent dans des plantes comme Mimosa Hostilis, un petit arbuste de la famille des Fabacées, ou certaines espèces d’Acacia, est parfois utilisé pour intensifier l’expérience sensorielle.

En ce qui concerne la durée d’écoute des sons binauraux, la moitié des utilisateurs rapportent moins d’une heure d’écoute quotidienne, tandis que 12 % écoutent ces sons pendant plus de deux heures par jour.

Les chercheurs concluent que l’utilisation des battements binauraux n’entraîne pas nécessairement une consommation accrue de drogues classiques. Cependant, il subsiste un manque de données sur ces « drogues numériques », et de nouvelles recherches seront nécessaires pour mieux comprendre les éventuels effets secondaires liés à leur utilisation excessive.

Ces pratiques invitent à une réflexion sur la définition traditionnelle des drogues : peut-être qu’une drogue ne se limite-t-elle pas à une substance ingérée, mais peut également être une expérience sensorielle modifiée par la technologie.

Source : Sciences & Vie

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