Pourquoi perd-on temporairement l’audition en bâillant ?
Lorsqu’on bâille, il est fréquent de ressentir un petit « clic » sonore. Ce bruit provient de l’ouverture des trompes d’Eustache, ce qui provoque une baisse momentanée de l’audition, explique le docteur Olivier Walusinski, spécialiste du bâillement. En effet, notre ouïe repose sur la résonance des sons : ceux-ci cheminent dans le conduit auditif jusqu’au tympan, qui vibre pour transmettre les ondes sonores vers l’oreille interne, où se trouve notre sens de l’audition.
Les sons graves sont particulièrement affectés
Lorsque nous bâillons ou déglutissons, la trompe d’Eustache – un petit conduit reliant l’oreille moyenne au nez et à la gorge – s’ouvre pour équilibrer la pression de part et d’autre du tympan. Ce mécanisme protège le tympan des variations de pression, comme lors des changements d’altitude en avion ou en plongée. Ce réflexe agit aussi comme un mécanisme de protection pour l’oreille.
Mais pourquoi cela affecte-t-il notre capacité à entendre ? Lors de l’ouverture de la trompe d’Eustache, un appel d’air se crée dans l’oreille moyenne, augmentant temporairement la pression dans la caisse du tympan et réduisant sa capacité à vibrer. Cette situation explique une diminution temporaire de l’audition, notamment pour les sons graves et intermédiaires.
« De plus, la contraction des muscles faciaux limite le mouvement des osselets de l’oreille moyenne », ajoute le docteur Walusinski. En conséquence, on entend principalement par conduction osseuse, c’est-à-dire à travers les os du crâne qui transmettent les sons directement vers l’oreille interne, ce qui donne une perception sonore étouffée de notre environnement.
Les trois osselets (le marteau, l’enclume et l’étrier), les plus petits os de notre corps, amplifient le signal sonore et transmettent les vibrations vers la fenêtre ovale, qui fait vibrer la cochlée, un organe rempli de liquide et de cellules ciliées. Le mouvement de ces cils est transformé en signaux nerveux transmis au cerveau, qui les interprète comme des sons.
Pendant le bâillement, les mouvements de ces osselets sont restreints, réduisant la transmission des vibrations sonores et limitant le signal nerveux envoyé au cerveau. Ainsi, lorsqu’on bâille – un geste que nous répétons environ 250 000 fois au cours de notre vie – notre bouche s’ouvre, mais nos oreilles… se ferment momentanément !